[Terminé] Monté en grade (Pv Volteer)

Il était, à partir de cette course effrénée pour nous enquérir de la santé, assez difficile de bien résumer les actions de la journée. Nous entrâmes sans trop de problèmes dans les palais du roi. Tout le monde connaissait les Gardiens, et personne n’osait se mettre en travers de notre chemin. Je pus, durant ma traversée du château, entendre quelques témoignages d’inquiétudes vis-à-vis de l’état de santé du roi, et de l’avenir du royaume. Une crainte subsistait en effet depuis l’avènement de Joudray : il n’avait pas eu de compagne et semblait s’en prémunir, s’interdisant ainsi une lignée, et donc un potentiel héritier au trône. Ses parents n’étaient plus, et l’existence de frères et sœurs ne semblait même pas mentionnable. En somme, il faudrait choisir un prétendant d’une autre manière… Mais peut-être le roi allait-il s’en sortir. Il n’y avait qu’une seule manière de vérifier.
 
Nous fûmes arrêtés devant les portes. Le médecin personnel du roi faisait un diagnostic. Entre temps, Terrador nous rejoignit, sur ses quatre pattes, ce qui me surprit au plus haut point. Etait-ce la volonté de voir le roi sur son lit qui l’avait poussé ainsi ?
 
Igniis arriva ensuite. Je préfère conter le reste plutôt que de retranscrire exactement tous les dialogues et événements, car cela, je ne le jugeais pas important. Un médecin était sorti, annonçant que l’état du roi n’irait aucunement en s’améliorant. Ce dernier nous demanda d’entrer, parfaitement conscient du mal qui l’animait. Il nous renvoya, à l’exception d’Igniis, qui était resté pour discuter un peu avec le souverain. Lorsque nous fûmes invités à nouveau (que ces allers retours étaient incessants !), nous pûmes découvrir l’ultime ordre du monarque de la cité. Et ce dernier me laissa… Au moins perplexe. Le roi avait décidé de choisir comme successeur au trône… Igniis.
 
Ce choix-là ne me convenait pas, et sur plusieurs aspects. Je regardai brièvement Cyril. Ce dernier serrait légèrement les crocs aussi.
 
— Êtes-vous certains, de votre choix, Monseigneur… ? Il est important d’avoir pris le temps de…

— Venons-en au fait. Messire ! Je ne suis pas sûr qu’Igniis soit un des choix les plus judicieux. Certes il possède une bonne expérience martiale, mais ce qu’il a acquis par la force, il le perd par la sagesse. Je ne suis pas convaincu qu’il sache gérer l’économie d’un territoire… Je n’ai rien contre vous, Igniis, mais vous ne ferez que démarrer une junte.

- Êtes-vous certains, de votre choix, Monseigneur… ? Il est important d’avoir pris le temps de… fit Volteer, face à cela.

Puis, ce fut au tour de Cyril de rétorquer :

- Venons-en au fait. Messire ! Je ne suis pas sûr qu’Igniis soit un des choix les plus judicieux. Certes il possède une bonne expérience martiale, mais ce qu’il a acquis par la force, il le perd par la sagesse. Je ne suis pas convaincu qu’il sache gérer l’économie d’un territoire… Je n’ai rien contre vous, Igniis, mais vous ne ferez que démarrer une junte.

Je ne dis aucune parole face à leur contestation. Non, je laissai le Roi parler et expliquer son choix. En effet, celui-ci leur répondit :

- Je m'attendais à ce genre de réponse, Gardiens... Mais je suis sûr de mon choix. Qui d'autre pourrait le faire, après tout ? Il est important de prendre le temps de bien choisir, Volteer ? Mais, vous voyez très bien que je n'ai plus le temps ! Vous voyez très bien que - Kof ! Kof ! Kooooof !!! - je vais bientôt mourir ! Igniis est peut-être un étranger à la cité... Mais il la protège beaucoup plus que certains natifs et il a la confiance du peuple. Gagner en force et perdre en sagesse ? Dites-moi en quoi ne pourrait-il pas être assez sage pour être Roi ? Et qu'est-ce qui vous prouve qu'il n'est pas sage ? Vous me décevez à tomber dans ce stéréotype, Gardien ! Pour l'économie... Bha ! S'il a quelques problèmes de débutant, comme tous les nouveaux Rois, il saura par qui il pourrait être conseillé... Par vous, peut-être... Ou bien par sa femme. Elle fut Reine, après tout, elle sait comment gérer tout cela... Enfin, une guerre vient de se déclarer... Et, pour gouverner, il nous faut un guerrier, un meneur de Dragons ! Il nous faut quelqu'un qui sache faire face à Malefor ! Pas quelqu'un qui se cachera dés que ce Dragon Violet sera proche !

Il eu une violente quinte de touc... Encore... Puis, il continua :

- Gardiens, croyez-moi, j'y ai tout de même réfléchis... Et je trouve qu'Igniis est celui qui a le plus de qualités nécessaires pour être Roi. Cela peut surprendre aux premiers abords... Mais, réfléchissez-y, et vous verrez, vous penserez comme moi à ce sujet-là. Enfin, je vous rappelle aussi que c'est un ordre... Mon tout dernier. Et je veux qu'on le respecte ! Maintenant, sortez, tous... Je veux dormir... Je ne veux plus souffrir... Sortez...

Je me tournai vers le secrétaire et lui dit :

- S'il vous plaît, allez lui chercher du lait de pavot... Pour qu'il souffre moins lors de son passage vers l'au-delà...

- Très bien, je vais le faire... réondit-il avant de sortir vite. Puis, je commençai à sortir de la chambre. Pendant tout le long du discours du Roi, j'étais resté sérieux et je n'avais dit mot. Lorsque je fus sortis, j'attendis les autres avant de fermer la porte et leur dit :

- Dites-moi, Cyril, Volteer, Terrador... Vous pensez toujours que je serais un mauvais Roi, même après ce qu'a dit Joudray ?

Il n'y avait aucune menace dans ma voix, seulement de la curiosité. Je voulais savoir qu'est-ce  qui leur déplaisait chez moi pour que je ne monte pas sur le trône.

Evidemment, le roi ne souhaitait aucunement réviser son avis, prétendant que, du temps, il n’en avait pas. Cela était vrai, mais était-ce une raison pour faire un choix aussi précipité ? Je n’aimais guère la manière dont il réprimandait Cyril, parce qu’il se méprenait. Joudray ne connaissait pas Igniis, alors que Cyril avait eu le « privilège » de le côtoyer. Il savait de quoi pouvait être capable Igniis. Du moins, dans une certaine mesure. Toutefois, après réflexion, le roi avait raison sur un point. C’était la guerre, et, de ce fait, il fallait un guerrier capable de diriger la cité, et utiliser ses compétences martiales à bon escient.
 
De toute manière, la position était déjà prise, et il s’agissait d’un ordre. Cyril ne répondit que par un léger soupire. Cette entrevue terminée, nous sortîmes de la pièce, accompagnée d’Igniis qui se mit devant nous. Il nous regarda chacun, droit dans les yeux, sur un ton solennel.
 
— Dites-moi, Cyril, Volteer, Terrador... Vous pensez toujours que je serais un mauvais Roi, même après ce qu'a dit Joudray ?
 
Ah, était-ce une blessure narcissique ? Cela pouvait se comprendre.
 
— Même moi, je n’aurai jamais proposé d’être roi, dit Terrador.
— Être un maître de guerre est un avantage certain lorsqu’on est un monarque, mais ça ne fait pas tout, d’autant plus que vous pouvez avoir des conseillers pour ça. Peut-être saurez-vous être efficace en temps de guerre, mais lorsque nous aurons besoin de lois pour stabiliser le royaume, serez-vous à la hauteur ? Il nous faut penser sur le long terme, et pas le court terme. Vous avez la confiance du peuple parce que vous êtes un héros brave au combat, mais un roi ? L’opinion de vous pourrez baisser, et le Chroniqueur seul sait où cela vous mènera. Peut-être deviendrez-vous tyrannique, ce que je ne vous souhaite aucunement.
— De surcroît, un souverain provocateur, tête brûlé et qui manque de respect à ceux dont l’avis vous est contraire, comme vous l’avez fait avec le roi avant-hier, ne peut pas être un bon exemple pour un peuple. Il faut qu’il soit sage, réfléchi, et diplomate. Vous n’avez pas ces qualités, ayez au moins l’humilité de l’avouer !

Les trois me répondirent dans cet ordre : Terrador, Volteer, Cyril. En effet, le Gardien de la Terre pris en premier la parole en disant :

- Même moi, je n’aurai jamais proposé d’être roi.

- Être un maître de guerre est un avantage certain lorsqu’on est un monarque, mais ça ne fait pas tout, d’autant plus que vous pouvez avoir des conseillers pour ça. Peut-être saurez-vous être efficace en temps de guerre, mais lorsque nous aurons besoin de lois pour stabiliser le royaume, serez-vous à la hauteur ? Il nous faut penser sur le long terme, et pas le court terme. Vous avez la confiance du peuple parce que vous êtes un héros brave au combat, mais un roi ? L’opinion de vous pourrez baisser, et le Chroniqueur seul sait où cela vous mènera. Peut-être deviendrez-vous tyrannique, ce que je ne vous souhaite aucunement.

- De surcroît, un souverain provocateur, tête brûlé et qui manque de respect à ceux dont l’avis vous est contraire, comme vous l’avez fait avec le roi avant-hier, ne peut pas être un bon exemple pour un peuple. Il faut qu’il soit sage, réfléchi, et diplomate. Vous n’avez pas ces qualités, ayez au moins l’humilité de l’avouer !

- Bien, merci pour votre avis. J'étais juste curieux de savoir pourquoi, leur répondis-je, calme et aucunement ébranlé par leurs paroles. Premièrement, il vaut mieux pour éviter toute autre révolte qu'il y ai un nouveau Roi qui sache faire la guerre, pour le moment. Après la guerre, libre à vous de voir qui pourrait tenir correctement le rôle de Roi idéal, si je suis si mauvais que cela. Je ne serais pas un Roi idéal dans la vertu, cela est certain, personne ne peut l'être à ses risques et périls, après tout... Cyril, il se peut que je ne sois pas sage, réfléchi ainsi que diplomate, mais il se peut aussi très bien que je le suis ou bien que je puisse le devenir. Après tout, tout dragon peut changer comme le fait le temps, n'est-ce pas ? Que ce soit en bien... Ou en mal. J'ai certes manqué de respect au Roi, avant-hier, car son avis n'était pas contraire au mien mais plutôt par son manque de respect envers nous. Si je faisais vraiment cela à tous ceux qui ont un avis contraire au mien, comptez le nombre de personnes à qui j'aurais manqué de respect. Volteer, souvenez-vous sur notre discussion sur la guerre... Nous avions tous les deux un certain avis contraire sur certaines choses, non ? Vous ai-je manqué de respect pour autant, à ce moment-là ? Pour ce qui est de l'opinion publique qui pourrait baisser, j'en suis tout à fait conscient et j'en prend le risque total. Après tout, je serais un tyran puisque, vous le savez, je suis un étranger à Warfang.

Eux savaient qui j'étais réellement... Et ce sous-entendu était clairement explicite pour qui me connaissait vraiment. Je continuai :

- Mais cela ne voudra pas dire que je serais tyrannique, dans le sens où la majorité le comprend. Tuez-moi si jamais je deviens cruel comme pourrait l'être Malefor ! Est-ce que je serais à la hauteur ? Peut-être que je le serais, peut-être bien que non. Cela, nous ne pouvons le prévoir. Ensuite, parce que je suis un maître de guerre veut dire, selon vous, que je serais un mauvais Roi ? Il se peut que ce soit le cas, comme il se peut que ça ne le soit pas. Je suis sûr que vous vous souvenez du Roi Oneplana Nabotarp, ce guerrier, que l'on avait dit avec aucune éducation avant de monter sur le trône, qui prit le pouvoir par un coup d’état et qui finit la guerre victorieusement. Ensuite ? Il y eu l'une des plus grandes périodes de paix, si vous vous souvenez... Et presque personne n'y avait cru. Pourtant ce fut le cas. Enfin, vous établissez là la théorie... Maintenant, il faudra voir la pratique. Et je pense que vous savez très bien que, dans la plupart des cas, la pratique diffère beaucoup de la théorie et ont fait ainsi certaines des grandes découvertes scientifiques. Vous théorisez que je serais un mauvais Roi, alors je ferais mon maximum pour en être un bon en pratique. Qui sait, peut-être que je serais un bon Roi ! Bien sûr, pour cela, il faut me laisser tenter ma chance.

Puis, je commençai à m'en aller lorsque je fis :

- Enfin bref ! Je vous dis à ce soir, si jamais le Roi meurt, à mon couronnement. En attendant, je vais finir d'interroger une dragonne que l'on soupçonne d'avoir voulu essayer de tuer Joudray Je vais alors m'en tirer les choses au clair pour savoir si, oui ou non, elle a essayé. Au faite, avant de vous laisser, avez-vous lu Le Prince d'un certain Machiavel ? Oeuvre de philosophie politique très intéressante, je trouve. Au revoir et peut-être à ce soir...

Je me dirigeais ainsi vers le cachot profond, seul, où j'étais hier pour interroger la jeune dragonne. On blocai l'entrée derrière moi. Personne ne me vis de face lorsque je commençai à m'enfoncer dans l'obscurité. Avais-je mon air grave sur ma figure ? Non... Qu'était-ce ?

Un sourire...

Oui, un sourire où mes dents prenaient l'air. Je me souvenais de la veille...


- Dites-moi, avez-vous, ma chère, essayé de tuer le Roi Joudray ? Répondez-moi, je vous en prie. Je peut vous jurer que, sur mon honneur, aucun mal ne vous sera fait.

- Vous savez ce que j'en pense, de votre... "Parole" ?

- Vous savez, en répondant comme cela, vous vous trahissez, ma chère.


Je me souviens de mon interrogatoire avec elle...


- OUI ! Oui, j'ai essayé de tuer le Roi ! fit-elle en pleur. Mais il allait nous tuer... Oui, nous tuer, tous autant que nous sommes avec ses choix !

- Comment avez-vous essayé de le tuer ?

Elle resta silencieuse... Et pleurait toujours.

- COMMENT !!! lui hurlais-je dessus, ayant l'air menaçant.


Les ténèbres devenaient de plus en plus présents dans ce couloir... Avant que des torches ne m'éclairent un peu le visage...


- Je... J'ai tenté de l'empoisonner...

- Et avec quel genre de poison, je vous pris ?

- A... Avec un poison fait par ma mère.

- Et où est-il ce poison, en ce moment ?

Elle se mit à déglutir un peu avant de cracher une petite boule... Et elle refit pareille.

- Dans ces deux petites boites se trouve le poison et l'anti-poison... Dans la petite sphère bleu se trouve le poison et il suffit de l'ouvrir pour pouvoir verser le poison... Celui-ci marchera mieux au contact de l'alcool et va faire croire... Faire croire à une maladie naturelle. L'anti-poison, c'est pareille, il faut ouvrir la petite-sphère rouge... Et il faut le boire maximum 24 heures avant d'ingurgiter ne serait-ce une dose du poison...

- En êtes -vous sûre ? Attention, il se peut que votre vie soit en jeu si vous m'avez trompé.

- Oui... Oui, je ne vous ai pas menti ! rétorqua-t-elle, toujours en larmes.

Je pris la petite sphère rouge, l'ouvris, avala l'anti-poison et pris l'autre boite pendant qu'elle cria :

- MAIS QU'EST-CE QUE VOUS FAITES !!!

- Cela ne se voit pas ? lui répondis-je avec un sourire.

Elle comprit mes intentions et je la remis dans sa cellule, seule. Puis, je repartis, laissant notre discussion dans l'ombre... Seul nous nous savons quelle discussion nous avions eu... Et personne d'autre... Sauf Abyssa, à qui je lui ai tout murmuré. Après tout, elle avait toujours préféré un ambitieux...


J'arrivai devant sa cellule. Elle était là, recroquevillée Elle devait avoir un tout petit peu moins de trente ans.. Avec un sourire, je lui dit :

- C'est fait. Allez, suis-moi, nous allons discuter, toi et moi.

Tandis que nous nous dirigeâmes  vers la salle où personne ne pouvait nous entendre, je me souvenais...


J'entrais dans la cuisine. Personne ne me regardais... Je crachais une petit flamme dans une corbeille de papier et me dirigeais, comme si de rien était, vers la table où se trouvait la bouteille spécialement gardée pour le Roi. Tout d'un coup, le feu dans la corbeille commença à prendre tellement que tout le monde se tourna vers lui et y alla pour essayer de l'éteindre. Tandis que toute leur attention j'ouvris la petite boite et versa le poison dans la bouteille, que j'ouvris et fermai juste après. Puis, j'avalai le petite boite pour ne laisser de trace. J'étais immunisé contre le poison, donc j'en profitais ! Et personne ne me vis... Cela se confirma quand un gars venait pour faire le gouteur, inconscient, et que je lui dis :

- Non, laissez-moi faire le goûteur en public. Je suis le Bras Droit du Roi, laissez-moi faire mon travail de le protéger. J'ai besoin de montrer à Sa Majesté qu'il peut me faire confiance.

- D'accord... Très bien. Bonne soirée.

- Oui, vous aussi, lui dis-je tandis que je m'en allait pour aller jusqu'à la salle du trône, où allait se passer le banquet.

J'étais devant les porte... Et je les ouvris. Tous les regards se tournèrent vers moi. La suite ? Vous la connaissez...


Nous arrivâmes dans la salle. Là, nous commençâmes à parler, elle et moi, sans que personne ne nous entende.

- Bien, c'est fait, le Roi va mourir. Et je vais monter sur le trône. Je pourrais vous condamner pour régicide... Mais je ne vais pas le faire car le fait que la couronne va revenir sur ma tête est en partie grâce à toi, je vais te faire sortir et te faire passer pour innocente. Tout le monde croit que c'est une maladie qui l'a emporté...

- C'est... C'est vrai ? Vous... Vous allez me libérer ?

- Oui.

Elle alla se blottir contre moi en disant :

- Oh ! Merci ! Merci...

- Par contre, si tu essaye de recommencer... Je serais sans pitié.

- Oui, je ne recommencerais pas... C'est promis...

Elle commença à trop se serrer à moi. Je comprenais ce qu'elle commençait à faire : elle essayait de me charmer et essayais de profiter que personne ne nous voit ni ne nous entende pour...

- Non ! lui dis-je en la repoussant. Non, ma chère... Peut-être un jour, mais pas maintenant.

- Oh...

- Oui. Demain, vous serez libérée. Allez, retournez dans votre cellule. Plus qu'une nuit.

- D'accord... Merci...

Je la reconduis derrière les barreaux. Puis, j'effaçais mon sourire pour reprendre mon air grave et commençai à remonter le couloir et revenir pleinement dans le palais.

Une fois revenu, je planais de revenir chez moi, dire à Abyssa que c'était fait, que j'allais devenir Roi... Lorsque quelqu'un vint me voir et me dire :

- Capitaine Igniis ! Capitaine Igniis ! Le Roi... Le Roi est mort !

Je le regardai et, d'un air presque triste, lui répondis :

- Son dernier ordre a été de me couronner Roi après sa mort... Le pauvre... Alors, puisque cela est arrivé... Je me dois de vous dire, même si cela parait narcissique : Le Roi est mort, vive le Roi !

Puis, je me dirigeais vers chez moi. J'allais dire à Abyssa ainsi qu'à Notad de se préparer pour ce soir.

Ce soir... Ah, ce soir... Allait être...

Un grand soir !

Eh bien ! S’il existait en Warfang en concours reposant sur la parlerie, je pense qu’Igniis serait, à défaut d’être un bon roi, un adversaire redoutable. Il parlait, parlait, parlait… Beaucoup. Et cela m’amusait, je suivais chacun de ses mots avec un intérêt normal. Toutefois, j’avais distingué des failles. Il se reposait beaucoup sur des archétypes de phrases, parfois des répliques déjà entendues par beaucoup, et parfois encore il se contentait de répéter la même idée sous une forme différente pour donner l’impression d’apporter de la variété. Je ris, intérieurement. Un beau tricheur, mais cela n’était pas un mal, dans ce cas-là.
 
Pour en revenir aux enjeux principaux de cette discussion que nous avions entamés par notre protestation d’accès au trône de la part d’Igniis. Il avait riposté que la guerre demandait un souverain-guerrier, et j’entendais bien cela. Quant au reste, eh bien… il disait qu’il ferait tout pour être un bon roi et s’améliorer comme il pouvait. Il en vint même à un point que je comptais aborder avec lui : si vraiment il était médiocre sur le trône, alors il pourrait se retirer et laisser la place à une personne plus compétente une fois la guerre terminée. Oui, ce compromis me plaisait davantage.
 
Suite à cela, il s’en alla. Nous lui répondîmes au revoir, et nous en allâmes aussi. Il n’y avait plus rien à dire ou faire ici, seulement attendre que quelque chose se passe, et croyez-moi. Pour un dragon comme moi, attendre était une horreur.
 
Terrador retourna à l’auberge se coucher pour se remettre de sa gueule de bois. Quant à moi et Cyril, nous nous promenâmes et allâmes assister à un spectacle dans un théâtre de Warfang. Il s’agissait de chants traditionnels, accompagnés, parfois, de quelques instruments, souvent à vent, qui était la préférence des dragons. En effet, il était dur de manipuler un instrument à corde lorsqu’on était muni de griffes. Quelques taupes jouaient avec eux pour remédier à ce problème. Les chants étaient très beaux, parfois tellement patriotiques qu’ils emportèrent la salle dans un élan de force que je jugeais incroyable.
 

En plein milieu de journée, un messager vint nous convier à la cérémonie de couronnement du nouveau roi, qui servait aussi d’hommage à Joudray pour sa mort qui venait d’avoir lieu. Moi et Cyril baissâmes la tête en signe de respect, et nous répondîmes que nous viendrions, avec Terrador. Nous allâmes chercher ce dernier une fois notre promenade terminée, puis nous allâmes au lieu de réception, qui était le palais, ce plais que j’avais beaucoup trop vu en bien peu de temps.

Lorsque nous arrivâmes, Abyssa, Notad et moi, devant le palais royal, mon fils me demanda :

- Papa, où est-ce qu'on est ?

- Notre nouvelle maison à partir de ce sor, mon grand... Notre nouvelle maison à partir de ce soir...

Igniis Roi... Igniis Tyran... Je devais avouer que ça sonnait assez bien ! Mon fils était normal, Abyssa était dans sa forme bipède ainsi que dans sa magnifique robe (elle était à nouveau Reine, après tout !) et, moi, je ne portais que mon masque. Ce choix était surtout pour garder un certain côté imposant et avoir quelque chose qui me différencie des autres Rois... Je m'imaginais déjà comment on pourrait me surnommer... Le Roi Masqué, Le Tyran Masqué, le Masque de Fer... Mais bon ! Le futur est imprévisible, et je n'étais même pas encore couronné, alors il valait mieux ne pas se hâter pour cela !

Nous entrâmes alors dans ce palais si chargé d'histoires passionantes... Voire effrayantes, parfois. Et ces histoires n'étaient pas prêtes de s'arrêter. L'un d'elles venait justement de commencer...


Le Soleil commençait à se coucher pour faire place aux deux Lunes. La salle du trône était lumineuse et bondée de monde. Mon fils était à ma droite et ma femme à ma gauche tandis que j'étais devant le trône de manière impressionante et imposante sans le vouloir (je crois que le masque ajoutait un bonus, aussi...). Il y avait devant moi toute sorte de personnalités importantes, comme les Gardiens, Spyro, Cynder et Sparx (et eux étaient tout spécialement détachés de la foule). Tout le monde discutait. Tout le monde attendait. Il y avait un passage, en plein milieu de cette foule, où je pourrais passer plus tard. Mais, en attendais que ce soit moi qui marche ici, c'était au tour d'un autre Dragon noir d'y passer pour venir vers moi avec une couronne d'or et d'argent, contenant plusieurs joyaux comme un saphir, un rubis, une émeraude ainsi qu'une améthyste. Personnellement, j'aurais préféré une coronne en infernum, comme le sont faites mes griffes d'acier pour résister au feu, mais je n'allais pas m'en plaindre car celle-ci était déjà magnifique. Et je n'allais pas m'en plaindre aussi par respect pour ceux qui ont forgé celle-ci.

Une fois qu'il fut devant-moi, il me demanda de m'agenouiller. Je m'exécutai et il commença alors à parler, tandis qu'un silence presque religieux se fit dans la salle :

- Nous sommes tous réunis ici, ce soir, pour célébrer le couronnement, par ordre de feu l'ancien Roi Joudray, du Dragon ici présent sous le nom d'Igniis. Igniis, jurez-vous d'être un bon Roi et de protéger Warfang ?

- Je le jure. Oui, je le jure, sur mon honneur et ma vie, que je ferais tout pour protéger Warfang et sa population.

- Très bien. Igniis, je vous proclame alors... Roi... De Warfang !

Il posa la couronne sur ma tête et je me relevai sous des applaudissements. Je suis sûr que plus de la moitié étaient hypocrites. Après cela, je me dirigeais vers Spyro, Cynder et Sparx, qui étaient réunis ensembles, et, une fois devant eux, je m'agenouillai et leur dis :

- Spyro, Cynder, Sparx... Vous êtes les héros de la cité et vous êtes les seuls ici qui ont réussi à battre notre ennemi juré Malefor. Ce n'est pas à vous de m'agenouiller, alors, c'est à moi. Je m'agenouille donc devant vous et serais toujours à votre disposition.

Puis, j'allai vers les trois Gardien et m'agenouillai aussi en leur disant :

- Gardiens... La renommée de votre sagesse n'est pas un mensonge et vous êtes donc beaucoup plus sage que moi. Ce n'est pas à vous de vous agenouiller, alors, c'est à moi. Je jure donc sur cette couronne d'écouter chacun de vos conseils et de me mettre aussi à votre disposition.

Après cela, je me relevai et, accompagné de ma femme et mon fils, je passai dans cette allée vide. Je sortis ainsi, sûrement suivi des autres personnes, de la salle du trône, puis du palais royal... Et je me dirigeais vers les remparts de la cité.

Je fus exactement là où j'étais lorsque je vis l'explosion, et exactement au même moment. Les rayons oranges du Soleil couchant se refletaient sur mon masque et cette couleur feu m'entourait entièrement. Je regardais vers l'horizon. Je regardais vers le futur... Oh ! Malefor, regarde donc ce qu'est devenu cet "avorton" qui t'a affronté durant la réunion en salle de guerre, lors de l'entrée en guerre contre les Hybrides. Oh ! Malefor, regarde par qui est maintenant dirigé Warfang... Oh ! Malefor, attend-toi à ce que cette cité que tu semble haïr sache se protéger de ton ombre car je les aiderais à éclairer leur torches !

Arboryx, j'imaginais déjà sa tête lorsque je lui dirais, avant qu'on ailler chercher ce foutu Maître des Cristaux, qu'il sera le mercenaire du Roi. J'imaginais aussi un peu la tête de Saared ou du petit Lyno, ou de tout autre personnes me connaissant apprenant que j'étais maintenant Roi... Tient, en parlant du forgeron, je crois qu'il avait passé un petit bout de temps chez Malefor, de même que sa mère et son père. Peut-être qu'ils pourront me donner de précieux conseils...

J'avais des alliés puissants, je m'en rendais bien compte. Ma femme était une ancienne Reine des Badlands, j'avais comme ami Jyvro, ce Destructeur et, lui aussi, Roi des Badland... ces Royaumes étaient alors de grands alliés ! Mais ces forces-là ne suffisaient pas... Il allait nous falloir d'autres alliances. Mmmmmmh... Mais oui ! La solution venait directement de mon masque que j'avais récupéré à Arthar en tuant mon ancienne bien-aimée ressucitée et maudite : Garius ! En parlant de cette dernière cité, je pense que c'est là que je me rendrais en premier. Je connaissais leur Capitaine de la Garde, Kraït, après tout ! Et je les avais aidé à stopper définitivement une tueuse en série. Ce service rendu pourrait me donner un avantage...

Mais, bref ! Tandis que les derniers rayons du Soleil disparaissaient, je me retournais et fis face à tout le monde. Je criai alors, pour que tout le mon m'entende, tout en enflammant mes écailles (et un côté impressionant en plus !) :

- Citoyens de Warfang et d'ailleur ! L'Ombre de Malefor est peut-être en train de s'installer, mais je vous promet que, avec moi, il y aura toujours de l'espoir qui illuminera les Ténèbres ! Oui ! Je vous jure que, sous mon règne...

Je pris une grande inspiration et hurlai de plus belle avec un ton rageux et presque victorieux :

- ... NOUS GAGNERONS LA GUERRE CONTRE MALEFOR !!!

Il y eu des hurlements de victoire parmis la foule ! Nous étions en train d'écrire une nouvelle page de l'Histoire. Une page sombre, sanglante, targique... Et dont l'issue était encore incertaine.

Mais, moi, Igniis, Roi-Tyran de Warfang, jurais de tout faire pour protéger cette cité et vaincre, grâce à l'aide de mes alliés comme Spyro, Cynder, Sparx, les Gardiens et Badland, les Ténèbres grandissant du plus puissant que jamais Maître Noir !

— Alors, est-ce que tu te sens mieux, Terrador ? Certainement ces effluves festives ont eu le temps de se dissiper désormais. Savais-tu qu’il fallait en moyenne une dizaine d’heures pour pouvoir efficacement évacuer tout l’alcool contenu dans ton corps ? Bien évidemment, je ne suis pas convaincu par ces chiffres, car la somme totale d’alcool doit sans doute affecter la durée d’élimination de tout l’alcool, mais ce n’est qu’une moyenne, bien évidemment. Pour des grands buveurs tels que toi, j’imagine que l’absorption complète doit prendre peut-être un jour, comme je peux le remarquer, mais bien évidemment, en me répondant par la négative, tu prouves qu’il te faut moins d’une journée pour…
— Oui, je me sens mieux.
 
Et le dialogue fut conclu par un rire amusé de la part de Cyril. Ce fut dans ces conditions que nous entrâmes dans la salle de réception. Cette dernière accueillait bien plus de monde que pour le repas précédent. Il fallut très légèrement pousser quelques invités pour arriver au milieu de la vague pièce. Je pus, au loin, apercevoir la lueur dorée de Sparx, qui accompagnait certainement Spyro et Cynder. J’avais envie de lui parler plus avant, mais la foule m’en décourageait. Alors je m’approchai d’un banquet qui présentait des en-cas et j’en mangeai quelques-uns, ponctué par une conversation avec Cyril et Terrador.
 
— J’espère vraiment que le roi a fait le bon choix, avoua Cyril.
— Nous ne pouvons que respecter son choix, de toute manière.
— Je pense qu’Igniis sera capable de porter Warfang à la guerre, dis-je, mais ce n’est qu’une solution pour le court terme. Oui, mes amis, je suis aussi sceptique que vous, mais je pense qu’il faut lui laisser sa chance. Igniis est peut-être un orgueilleux, mais il semble plus lucide. Le pouvoir n’est pas son principal attribut, je sens qu’il serait prêt à renoncer si les choses venaient à mal tourner pour sa campagne après la guerre.
— Je n’en serais pas si sûr. Combien de gens « bons » le pouvoir a-t-il corrompu ?
— Là n’est pas la priorité immédiate. A quoi bon penser au futur si celui-ci est détruit par Malefor ?
— C’est vrai, moi et Cyril parlant ensemble.
— Et nous devront le conseiller au mieux pour que la guerre soit en notre faveur.
— Nous avons des raisons d’être inquiets…
— Mais pas de renoncer.
 
Des premiers applaudissements et frappe de pattes nous fîmes retourner. Il était l’heure du couronnement du roi, qui, je ne l’avais pas remarqué, c’était assis sur son trône, au côté d’Abyssa, et son fils Notad non loin. La cérémonie fut… Brève. Un seul serment fut prononcé.
 
— Pour une cérémonie, je trouve que l’on perd beaucoup du côté solennel. C’est à l’image de cette crise de succession.
 
Pour une fois, je ne dis rien, et retins dans ma mémoire ces mots, signe d’une nouvelle ère qui commençait : « Je vous proclame alors… Roi de Warfang ! »
 
Suite à cela, le dragon masqué vint vers Spyro, Cynder et Sparx, puis vers nous. Il s’agenouilla, jurant fidélité et une ardente écoute des Gardiens. Aucun de nous ne se baissa, mais nous hochâmes la tête en signe d’approbation.
 
— Puissiez-vous régner longtemps, mener Warfang à un nouvel âge d’or, et être à l’écoute du plus grand nombre, votre altesse.
 
Suite à cela, il quitta le palais, suivit de quelques personnes. Nous nous dîmes que nous devions faire de même. Le suivant avec les autres, tel un crotège, nous traversâmes les grandes rues de Warfang jusqu’à nous tenir près des remparts. Le lieu était symbolique, tout comme l’heure : il s’agissait des coordonnées exacte d’il y a quelques jours, lorsque l’explosion s’était produite.
 
— Citoyens de Warfang et d'ailleurs ! L'Ombre de Malefor est peut-être en train de s'installer, mais je vous promets que, avec moi, il y aura toujours de l'espoir qui illuminera les Ténèbres ! Oui ! Je vous jure que, sous mon règne... Nous gagnerons la guerre contre Malefor.
 
Les derniers mots n’étaient plus prononcés, mais bien hurlés, réanimant l’ardeur de la foule qui l’écoutait. Beaucoup de battements d’ailes vigoureux, d’applaudissement et de sifflements. C’était ainsi que je pouvais juger de l’influence du dragon, et cela me fit sourire. Oui, nous pouvions, à ce moment, compter sur lui. Je poussai un rugissement d’approbation à ses paroles, suivit par mes compères.
 

Mais la guerre ne faisait que commencer. Il nous fallait à présent du repos, et c’était pourquoi nous repartîmes rapidement à l’auberge, nous reposer, pour affronter ces ténèbres qui se rapprochaient dangereusement de la cité lumineuse, tel la nuit contre un phare possédant un flambeau mourrant.